Morphologie du lièvre d'Europe

J’appartiens à la même famille que celle des lapins (les lagomorphes). C’est pourquoi, on nous confond parfois. Cependant, je m’en distingue aisément par ma stature élancée et plus robuste. Nous avons également un mode de vie bien différent mais ça, j’y reviendrai.

Parlons physique. J’ai le dos brun foncé, des flancs un peu plus clairs et un ventre blanc crème. Mes oreilles portent de jolies marques noires tout comme le dessus de ma queue. A contrario, mon cousin est uniformément brun (Qu’est-ce qu’il peut être fade celui-là !). Enfin, je possède de grandes pattes postérieures qui me sont indispensables puisque je me déplace en sautant régulièrement.

Lièvre en déplacement

Lièvre en déplacement

A propos de mes levrauts, ils ont, tout comme le lapin, un pelage uniforme. Cependant, leur fourrure est plus dense et désordonnée que moi et le lapin.

Image de lièvres junéniles dans leur terrier

Lièvres juvéniles dans leur terrier

Pour bien distinguer le lièvre d’Europe du lapin de garenne, voici un mémo à télécharger.

Ecologie du lièvre d'Europe

Milieux fréquentés

Je fréquente des milieux assez éclectiques du moment qu’ils sont ouverts et herbacés avec quelques arbustes pour m’abriter des prédateurs. Ainsi, on pourra me voir dans des prairies sèches ou humides, des clairières mais aussi les terres agricoles. D’ailleurs, je suis particulièrement présent dans les zones de monoculture intensive, soit là où le paysage est homogène et marron. C’est pour ça que je préfère les paysages picards aux paysages bretons. Bref, pour me trouver, ne cherchez pas la diversité floristique. Par contre, si vous voulez voir un élégant mammifère gambader, vous pouvez compter sur moi, mais pas n’importe où ni n’importe quand ! Sachez qu’en cas d’herbage intensif (souvent pour satisfaire les besoins du bétail), je n’apprécierai guère le spot, car il m’empêchera de me camoufler.

Images d’un lièvre d’Europe dans les prairies sèches

Lièvres d’Europe dans les prairies verdoyantes

Rythme d'activité et alimentation

Ma quête de nourriture commence le soir. Là, je rejoins quelques compères. Les individus les plus forts se réservent alors les meilleurs endroits pour se nourrir. Ils n’ont pas le sens du partage… Pendant cette quête, je m’alimente de toutes les composantes des plantes (bourgeons, rameaux, racines, …). Vous l’aurez compris, je ne suis pas difficile. Je préfère néanmoins les plantes vertes aux graminées. Des fois, je consomme les plantes cultivées. Cependant, même si j’aime les champs, je préfère les plantes des alentours. Enfin, je consomme rarement de l’eau, celle des plantes me suffit amplement.

Par contre, pendant la journée, je vis en solitaire sans pour autant être territorial. Ainsi, même si mon domaine vital peut aller jusqu’à 4 km2, j’y accepte la présence d’autres lièvres et même, d’autres espèces. Le jour, je me repose caché dans mon gîte qui est, simplement, une petite dépression que j’ai creusée dans le sol. A contrario, mon cousin se réfugie dans un terrier. C’est ça d’être court sur pattes ! Il faut faire de gros travaux d’aménagement pour pouvoir échapper aux prédateurs.

Reproduction

Ma période de reproduction est assez grande puisqu’elle commence en décembre. A partir de là, mâles et femelles nous regroupons afin de trouver l’âme sœur pour former un couple qui durera jusqu’à septembre. Tant que je n’ai pas réussi à m’accoupler, je bouquine beaucoup. Ça ne veut pas dire que je me rends dans une bibliothèque pour séduire une femelle ! En fait, par bouquinage, j’entends ma parade sexuelle qui prend la forme de combats principalement avec les femelles. Lorsqu’une femelle, autrement dit une hase (et non une levrette, le nom de la femelle du lévrier), m’aura accepté, la reproduction proprement dite commencera.

Parade nuptiale

J’ai intérêt à faire du sport toute l’année si je veux avoir une chance de m’accoupler. En effet, ma parade nuptiale consiste en une course-poursuite nocturne en terrain ouvert entre plusieurs de mes rivaux (d’autres mâles) et une femelle. De plus, pendant cette course, la hase et moi échangeons des coups sur la tête : ce duathlon peut faire mal ! Finalement, j’aurai une chance de m’accoupler seulement si j’ai réussi à être plus endurant que la hase. Là, une belle histoire d’amour pourra démarrer.

 

 

Après 6 semaines de gestation, la hase met au monde 2 à 4 petits dans un gîte. Plusieurs portées peuvent se chevaucher chez la hase (phénomène de superfoetation). Ainsi, si je veux maximiser mes chances d’obtenir des levrauts viables, je peux m’accoupler de nouveau avec la même femelle : avec tous ces lots de graines, j’espère obtenir une bonne progéniture.

Bilan des courses : pendant la période de reproduction, la hase donnera jusqu’à 5 portées mais, plus souvent, 3 ou 4.

Dès la naissance, mes levrauts sont thermorégulés, bien camouflés au sol et voient leur environnement tout de suite. Ils sont également allaités pendant 3 à 5 semaines environ (= période de sevrage). Puis, ils seront autonomes très rapidement et acquerront leur maturité sexuelle à 4 mois au plus tard. Là, ils pèseront autant qu’un adulte moyen, mais à 2 mois et demi, avec leurs 2.5 kg, on peut déjà les confondre avec un adulte maigre.

Le lièvre d'Europe et le centre de soins

Statistiques d'accueil du lièvre d'Europe

De 2018 à 2020, l’association a accueilli 17 lièvres. Généralement, ceux-ci étaient des juvéniles ramassés (10 cas), mais d’autres causes de détresse ont été relevées.

Histogramme décrivant les causes d'accueil du lièvre d'Europe

Causes d’accueil du lièvre d’Europe en centre de soins (2018-2022) ©️ Trisk’ailes

La prépondérance du ramassage des jeunes dans les causes d’accueil montre que les lièvres sont particulièrement accueillis en centre de soins pendant les premières semaines de développement des juvéniles.

Histogramme décrivant la temporalité d'accueil des lièvres d'Europe, tout âge confondu et juste les juvéniles

Accueil des lièvres d’Europe au cours de l’année (2018-2020) ©️ Trisk’ailes

Tout âge confondu (a), Juvéniles (b)

L’accueil des lièvres et, particulièrement, de leurs juvéniles, est important en août. Ainsi, même si le lièvre se reproduit de fin décembre à septembre, ces données permettent de supposer que les portées ont principalement lieu en juillet et en août.

Devenir des lièvres d'Europe accueillis en centre de soins

Devenir des lièvres d’Europe accueillis en centre de soins (2018-2020) ©️ Trisk’ailes

  • Non viable = mort au plus tard 72 heures après son arrivée ou euthanasié
  • Eutha délais = Euthanasié après plus de trois jours passés en centre de soins (souvent plusieurs mois)
  • M délais = Mort après plus de trois jours passés en centre de soins (souvent plusieurs mois)
  • Relâché = Relâché dans la nature

Il est toujours plus intéressant de regarder la proportion du devenir de l’espèce suite à l’accueil en centre de soins plutôt que le nombre d’individus pour chaque catégorie. En effet, cela permet de se faire une idée plus globale de l’efficacité de la prise en charge d’une espèce. Cependant, comme en 3 ans, Trisk’ailes n’a accueilli que 17 lièvres, les proportions obtenues ne peuvent être généralisées sans application d’une certaine marge d’erreur.

De 2018 à 2020, grâce à son centre de soins, Trisk’ailes a permis le retour à la vie sauvage de 29 % des lièvres d’Europe. Cependant, en ne prenant en compte que les lièvres viables (soit ceux ayant de réelles chances de survie), le taux de lièvres relâchés atteind 38,46 %. Par ailleurs, la non viabilité d’un quart des lièvres arrivant en centre de soins peut être due à 2 facteurs exclusifs :

  • Le lièvre a subi un traumatisme trop important pour qu’il ait une chance de survivre.
  • Un juvénile a été ramassé à tort et pris en charge de manière inadéquate. En effet, le lièvre étant capable de se déplacer et se nourrir dès la naissance (espèce nidifuge), il ne faut pas le ramasser s’il ne présente pas de blessure. Par ailleurs, afin d’éviter l’imprégnation de l’individu par l’odeur humaine, l’utilisation d’un tissu propre est primordiale.

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Sources des images

Lièvre adulte

Pour le mémo

La mère et ses petits : Wikimédia/H. Zell/CCA-SA

 

Le lièvre d’Europe
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