Le hérisson d’Europe appartient à la famille des érinacéidés, qui compte 24 espèces répandues en Asie, Afrique et Europe. les gymnures (« hérissons » asiatiques sans piquants) en font partie. De plus, notons que le hérisson d’Europe est la seule espèce d’érinacéidés présente en France.

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Hérisson d'Europe découvert par un particulier en plein jour. Est-il en détresse ?
Hérisson d'Europe découvert dans un jardin en plein jour : est-il en danger ?

Morphologie du hérisson d'Europe

Avec nous, qui s’y frotte s’y pique. En effet, nos milliers d’épines nous procurent une défense presque infranchissable.

Alors que mes épines sont majoritairement brunes avec une pointe blanche, c’est un blanc cassé, presque blond qui domine sur mes pattes, mon ventre et ma tête. Par ailleurs, pour rechercher ma nourriture dans le sol, je suis doté de griffes acérées et d’un museau pointu.

La femelle me ressemble en tous points, seule mon intimité permet de m’en différencier.

À la naissance, mes bébés (les hérissonneaux) ne portent aucune épine. Heureusement ! Autrement, la mise bas pourrait être mortifère pour la femelle. Puis, en quelques heures, leur dos se recouvre d’une centaine d’épines blanches, molles et non piquantes (en fait, elles étaient dans le corps à la naissance). Elles tombent dans les trois semaines pour laisser la place à des aiguilles brunes. Finalement, au bout d’un mois, mes juvéniles me ressemblent déjà mais en plus petits.

Pour connaître les principales caractéristiques du hérisson d’Europe, voici un petit mémo.

Ecologie du hérisson d'Europe

Qui je mange et qui me mange ?

Mon régime alimentaire

On me dit parfois insectivore, mais je ne me restreins pas aux insectes vu que je consomme volontiers des lombrics, des limaces et des araignées. Ainsi, amis jardiniers, je serai heureux d’être votre auxiliaire de culture, mais seulement si vous n’utilisez pas d’anti-limaces ou autres pesticides.

Plus occasionnellement, je mange des grenouilles, des lézards, des serpents, des jeunes rongeurs. Moins souvent, des oisillons et des œufs ainsi que des cadavres. Il m’arrive aussi de consommer des champignons et certains fruits mais, ceci étant exceptionnel, je ne risque pas de dévaster un verger.

Enfin, même si je ne boude pas le pain ou le lait de vache, je vous conseille de ne pas m’en donner. C’est comme ça que j’ai perdu des congénères qui en ont consommé. Le pain est dépourvu des nutriments dont j’ai besoin, et il est beaucoup trop salé. Quant au lait de vache, le lactose qu’il contient en quantité provoque une diarrhée mortelle chez nous.

Mes prédateurs

Pour me protéger des prédateurs, je me mets en boule. Plus précisément, quand je sens un danger, je m’enroule partiellement dans un premier temps afin de surveiller ce qui se passe autour de moi. Dans cette position, que je peux tenir pendant des heures sans me fatiguer, j’embrasse le sol.

Si on essaye de me retourner, je me mets totalement en boule. C’est généralement pendant ce court laps de temps que les renards et d’autres petits carnivores essayent de me tuer. Souvent, ils n’y arrivent pas et leur tête se retrouve constellée de piquants.

Les juvéniles, en revanche, sont bien plus vulnérables. Entre autres, j’ai déjà perdu des hérissonneaux suite à des attaques de sanglier, de fouines ou de chats.

En fait, une fois adulte, il n’y a que deux prédateurs contre lesquels je suis réellement vulnérable : le hibou grand-duc et le blaireau. Le premier réussit son coup en me surprenant (technique de chasse à l’affût) vu qu’il est incapable de m’attaquer une fois que je suis en boule. En revanche, mes épines n’arrêtent pas les blaireaux qui réussissent à m’ouvrir même une fois que je suis totalement en boule.

Habitats

J’affectionne particulièrement les milieux ouverts qui m’offrent quelques cachettes. Ainsi, je fréquente particulièrement les prairies et les parcs et jardins qui contiennent quelques abris (tas de branches, pierres, haies…). A l’occasion, on me rencontrera donc au pied des immeubles ou en lisière de bois.

Hérisson d'Europe mal en point
Hérisson d'Europe dans un enclos improvisé par un particulier sans l'approbation ni les conseils d'un professionnel : à ne pas reproduire

Mon cycle de vie

Si vous me voyez en plein jour, c’est que l’on m’aura dérangé. En effet, je passe le plus clair de la journée à dormir (environ 18 heures) sous un buisson ou dans un gîte.  Je les aménage avec des feuilles dans les haies ou des anfractuosités. Puis, quand la nuit tombe, je pars à la recherche de nourriture.

Hibernation

Je passe une période de l’année en hibernation. Une fois mon nid d’hiver construit, je m’enroule en boule et pique un long somme. C’est ainsi que je perds jusqu’à 40 % de ma masse corporelle pendant 3 à 5 mois généralement entre décembre et mars.

Sachez qu’avant l’hibernation, il y a une première phase pendant laquelle j’accumule des réserves. Puis dans un second temps, j’ai des phases d’activité réduite.

Pendant l’hibernation, je me réveille fréquemment. C’est l’occasion pour moi de changer de nid et de grignoter. Cependant, il s’agit bien d’hibernation et non d’hivernation.

Hibernation vs hivernation

Lors de l’hibernation, l’individu entre dans un état de léthargie avancé et son métabolisme ralentit. En revanche, l’hivernant modifie simplement son comportement pendant la saison froide.

Pour plus de précisions sur la différence entre ces deux termes, rendez-vous ici.

Pour le hérisson d’Europe, l’hibernation est associée à une baisse de sa température corporelle de 20°C maximum pour une température basale de 35°C. Par ailleurs, la fréquence cardiaque du hérisson passe de 200-280 battements par minute (bpm) à 2-48 bpm pendant l’hibernation. De plus, l’état de léthargie permet de limiter la perte de graisse du hérissson hibernant à 2 g/jour.

Le début et la fin de l’hibernation du hérisson dépendent de la température de son habitat, mais pas seulement. En effet, pour le hérisson d’Europe, l’hibernation a lieu à des températures inférieures à 8°C en moyenne, mais deux autres facteurs entrent en compte : la disponibilité alimentaire et la photopériode (ratio entre le jour et la nuit).

Reproduction

Dès que j’ai fini d’hiberner, je me mets à la recherche d’une femelle.  Éh oui, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt !

L’accouplement doit avoir lieu avec un maximum de femelles. De leur côté, les femelles font de même. A la différence qu’elles sont seules à éduquer leur portée, ce qui leur prend environ 6 semaines. Après cela, elles s’en séparent. Parfois, cela leur permet d’entreprendre une deuxième gestation. Finalement, après à peine un an, ces jeunes seront aptes à se reproduire. Vivant rarement plus de trois ans, ils ont tout intérêt à se dépêcher !

Pour trouver des femelles pendant la saison de reproduction, je dois rester à l’écoute car elles émettent des sifflements. De plus, si, malheureusement, je ne suis pas au goût de l’une d’elles, celle-ci risque de m’attaquer. Dans le cas contraire, elle rabattra ses piquants afin que la copulation ait lieu sans blessure.

La nidification du hérisson d’Europe

En dehors de l’hibernation, j’utilise des nids pour me mettre à l’abri pendant la journée : des nids d’été.

De plus, lors de la reproduction, la femelle construit des nids un peu plus grands que mes nids afin d’accueillir sa progéniture. Puis, lors de l’hibernation, j’utilise des nids d’hiver qui ont une structure proche des nids précédents mais sont plus robustes et ont un fort pouvoir isolant : c’est un igloo européen !

Le hérisson d'Europe et le centre de soins

Le hérisson d’Europe est l’espèce que Trisk’ailes a le plus accueilli de 2018 à 2020, soit 1630 individus.

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Le hérisson en détresse chez Trisk’ailes

La cause d’accueil la plus fréquente est clairement le ramassage des jeunes. Ceux-ci n’ont pas toujours été ramassés à raison. Ainsi, pour éviter le ramassage intempestif de juvéniles, il convient, en cas de doute, d’appeler Trisk’ailes afin de savoir si le hérisson est réellement en détresse. 

Ensuite, les hérissons sont accueillis pour cause de maladie, majoritairement des infections bactériennes.

Enfin, beaucoup de hérissons ont été accueillis sans que la cause n’ait été déterminée (« indéterminée »). Généralement différents facteurs ont pu s’accumuler (piège, route, …).

Histogramme de l'ensemble des causes d'accueil du hérisson d'Europe

Les causes d’accueil « choc objets fixes », « pollution », « tempête » et « tir, piège » ne sont pas visibles, car chacune comptabilise moins de 5 cas. Quant au parasitisme, 25 cas ont été recensés.

Le ramassage des juvéniles étant la cause principale d’accueil des hérissons d’Europe par Trisk’ailes, il semble logique que les effectifs accueillis se concentrent majoritairement lors de la reproduction des hérissons. On peut aisément le voir sur le graphique ci-dessous.

En effet, le total des hérissons accueillis par Trisk’ailes augmente fortement en mai et juin tout comme celui des juvéniles. Ceci montre également que les femelles hérissons se reproduisent majoritairement durant ces mois. Cependant, on peut remarquer un deuxième pic en octobre et novembre, soit la période durant laquelle nous sommes susceptibles de rencontrer à nouveau beaucoup de jeunes puisque c’est alors qu »aura eu lieu la seconde mise-bas, avant l’hibernation.

 

Que deviennent les hérissons accueillis en centre de soins ?

  • Non viable = mort au plus tard 72 heures après son arrivée ou euthanasié à cause de la gravité de son état de santé
  • Eutha délais = Euthanasié après plus de trois jours passés en centre de soins (souvent plusieurs mois) du fait d’aucune amélioration suffisante malgré les soins
  • M délais = Mort après plus de trois jours passés en centre de soins (souvent plusieurs mois)
  • Relâché = Relâché dans la nature
  • Transféré = l’animal est transféré à un autre centre de soins

De 2018 à 2020, grâce à son centre de soins, Trisk’ailes a permis le retour à la vie sauvage de 19,91% des hérissons d’Europe accueillis. Si l’on se concentre sur les hérissons dits viables à l’arrivée en centre de soins,  34,11 % d’entre eux ont pu retrouver leur liberté en bonne santé.

Le pourcentage de hérissons mourants ou trop gravement atteints accueillis par Trisk’ailes (52,00 %) indique que nombre d’entre eux arrivent en centre de soins avec de très faibles chances de survie.

Les hérissons étant des animaux fragiles, la quantité d’individus non viables accueillie ne sera réduite à zéro que lorsqu’ils ne subiront plus aucun dommage dans la nature. Cependant, une analyse attentive de la situation avant toute manipulation permettra de réduire fortement la proportion de hérissons dits non viables ou en pleine santé dans les structures de soins, d’où la nécessité d’éviter le ramassage intempestif. Plus précisément, si la non viabilité d’un hérisson est détectée en amont du ramassage, ceci peut permettre de le transporter vers une clinique vétérinaire qui l’euthanasiera. En revanche, se rendre compte qu’un hérisson est en pleine santé permettra simplement d’éviter de le ramasser inutilement donc   d’induire un stress délétère pour le hérisson. Dans ces 2 cas, l’analyse préalable de la situation permettra de réduire la charge de travail du centre de soins ou simplement de permettre l’accueil d’animaux vraiment en détresse.

Sur le graphique ci-dessus, 153 hérissons ne sont pas représentés. Ces hérissons correspondent à des individus qui ont été accueillis une année (n) mais dont le destin n’a été scellé que l’année suivante (n+1). Ceci est principalement lié à la nécessité d’aider les hérissons accueillis à passer l’hiver. En effet, arrivés en centre de soins affaiblis, l’hiver pourrait leur être fatal. C’est pourquoi certains individus sont relâchés ou transférés l’année suivant leur arrivée au centre de soins. Par exemple, si un hérisson particulièrement affaibli est accueilli en octobre 2018, il pourrait n’être relâché qu’en mars 2019 car, il n’aurait pas suffisamment de réserves pour passer l’hiver . Ainsi, fin 2018, ce hérisson était toujours en soins.

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Futur du hérisson d'Europe

Le hérisson d’Europe ou Erinaceus europaeus est classé en « préoccupation mineure » (statut LC) sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cela signifie que le hérisson d’Europe n’est pas jugé comme étant en danger. Cette espèce connait cependant de fortes diminutions d’effectifs dans une partie de son aire de répartition (l’ensemble de l’Europe), notamment :

  • En Grande-Bretagne, la population a décru significativement passant de 36,5 millions en 1950 à 500 000 en 2018 soit une baisse de 98 % de la population.
  • A Zurich, en Suisse, la population de hérissons a diminué de 41 % de 1992 à 2018.
  • En France, la population de hérissons aurait chuté de 70 % en 20 ans (estimation réalisée en 2017).
  • En Flandre, près de la moitié des hérissons a disparu entre 2008 et 2018.

Le hérisson d’Europe est classé « peu concerné » (LC) par l’extinction par l’UICN, mais cette évaluation remonte à 2016 et porte sur l’aire de répartition globale du hérisson d’Europe. En Grande-Bretagne, par exemple, le hérisson a été classé en danger (EN) sur la liste rouge des espèces en 2020.

En France, une enquête de population similaire, la mission hérisson, est en place depuis 2020, mais elle ne permet pas encore de tirer de conclusions. De plus, depuis 2019, le centre de soins « Le Chêne » mène une étude sur les causes de mortalité du hérisson. Pour l’instant, l’analyse montre une prévalence de maladies parmi les spécimens prélevés.

Mais qu'est-ce qui menace le hérisson d'Europe ?

Le hérisson est fréquemment victime du trafic routier : selon les pays, entre 12% et 18% de la population totale (source : Atlas des mammifères de Bretagne).

« La première cause de disparition des hérissons est la destruction de leur habitat, grignoté par l’urbanisation et par les terres agricoles. Ce sont des hérissons qui meurent avant même de pouvoir arriver dans un centre de soins, explique Marjorie Poitevin, Responsable de programme Service connaissances à la LPO, jointe par 30millionsdamis.fr. Les autres facteurs – collisions routières, tondeuse, débroussailleuse… – ne représentent que la face émergée de l’iceberg. »

Évincés des campagnes, les hérissons trouveraient refuge au sein des villes et de leur périphérie. De plus, ce phénomène est confirmé par l’analyse des données recueillies par la « Mission Hérisson » en 2020 : leur présence s’avère plus fréquente dans les zones urbaines ou péri-urbaines, où ces animaux semblent trouver davantage de ressources alimentaires et de zones de repos qu’en milieu rural. Plus précisément, diverses études ont montré que les hérissons pouvaient être jusqu’à 9 fois plus nombreux en zone urbaine qu’en zone rurale en raison de plusieurs causes :

  • Dégradation du bocage
  • Disponibilité alimentaire
  • Prédation plus faible
  • Diversité de refuges pour l’alimentation

« En zone urbaine et périurbaine, le hérisson souffre moins de la pollution de son habitat [par les pesticides], et il va donc trouver plus facilement ses proies, à savoir des insectes, des larves ou encore des escargots, précise Marjorie Poitevin. Il y trouve aussi davantage d’endroits où s’abriter, gîter et élever ses jeunes, tels que des haies ou des fourrés, que l’on a communément dans nos parcs et jardins. » Enfin, les villes présenteraient l’avantage de tenir à distance le blaireau d’Europe, principal prédateur naturel du hérisson.

Selon plusieurs études britanniques, en moins de vingt ans (1995-2014), les populations de hérissons ont perdu 30 % de leurs effectifs dans les zones urbaines et jusqu’à 75 % dans les campagnes.

En France, il n’existe aucune statistique de la sorte ni aucun suivi national. « Mais il n’y a aucune raison que la situation soit différente de celle de l’Angleterre ; elle doit même être pire puisque l’on utilise davantage de pesticides, qui intoxiquent ces mammifères », note Jean-Xavier Duhart, le coordinateur du réseau d’associations Sauvons les hérissons. Quand certains, comme Jean-Xavier Duhart, estiment que le hérisson pourrait s’éteindre en 2025, d’autres comme Christian-Philippe Arthur, le président de la Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM), estiment que ce ne sera pas le cas. Ce point de vue est sûrement juste étant donné que sur la majeure partie de son aire de répartition, le statut de conservation du hérisson est LC. Cependant, la drastique diminution de son effectif et son déclassement notamment en Grande-Bretagne (statut LC à EN) montrent qu’en l’absence de mesures efficaces, la disparition du hérisson d’Europe pourrait devenir une réalité même si c’est sur une échéance plus lointaine que 2025.

D’après le site de jardinage Gamm’vert, les causes de mortalité chez le hérisson sont :

  1. L’intoxication par les anti-limaces et autres pesticides, directement ou indirectement (en mangeant des insectes ou des limaces eux-mêmes empoisonnés) ;
  2. Les collisions routières en voulant traverser une route ;
  3. La noyade après être tombé dans une piscine ou un bassin, aux bords abrupts qui l’empêchent de  sortir, bien qu’il soit bon nageur, il s’épuise à essayer de sortir de l’eau ;
  4. Les cavités profondes. Le hérisson meurt d’épuisement et de faim, en se retrouvant coincé dans un fossé, un filet de culture ou autre piège ;
  5. Le feu. Il se retrouve souvent piégé sous des tas de feuilles en feu à l’automne. Pour rappel, depuis 2011, il est formellement interdit de brûler des déchets verts dans son jardin.
  6. Les machines de jardinage : il est souvent blessé par les lames des débroussailleuses ou des tondeuses.
  7. Les prédateurs naturels ou les animaux domestiques : fouine, blaireau, renard, chat, chien.

Quelques détails sur la mortalité routière

La technique de défense du hérisson consistant à se mettre en boule, il ne peut pas échapper aux dangers de la route puisqu’il ne cherche pas à fuir les véhicules

En France, d’après le président de la SFEPM, de 1 à 3 millions de hérissons sont tués chaque année sur les routes, avec une moyenne de 1,8 million.

En Flandre, on dénombre 250 000 morts sur les routes chaque année.

Pour davantage d’informations sur le hérisson, vous pouvez télécharger le guide suivant réalisé par un centre de soins dédié aux hérissons auquel j’ai ajouté quelques commentaires pour améliorer votre lecture : Guide_hérissondEurope

Le hérisson d’Europe : boule de pics !