Tout le monde connaît le choucas des tours, mais souvent sans le savoir.
Ça vous dit quelque chose un petit corvidé vif et bruyant qui virevolte au-dessus des églises, des bâtiments urbains et villageois en lançant des « Kya ! » retentissants ?

 

L’oiseau aux yeux bleus

Choucas des toursLe paroissien peu observateur va prendre cet oiseau pour une corneille ou un corbeau, mais non. Regardez-le bien : il est plus petit, il porte un drôle de fichu gris sur la tête et a de beaux yeux bleus(*). Oui, oui !
Cela dit, c’est un corvidé quand même, donc un cousin des corneilles, des corbeaux, des pies et des geais et comme la plupart d’entre eux, il est bavard et assez agité.
Corvus monedula est un oiseau commun en Europe, sédentaire dans l’ouest du continent, mais migrateur au nord et à l’est. Son élément de prédilection est la pierre, qu’elle soit dans nos cités ou dans les espaces naturels. Le choucas des villes occupe donc les toitures des églises, des vieilles maisons, des remparts et les bâtiments historiques et le choucas des champs, lui, s’installe sur les falaises. Le choucas est un oiseau grégaire comme presque tous les corvidés, il niche en groupe et l’hiver forme avec les copains des rassemblements bruyants et joyeux vu que l’union fait la force et que ça aide à passer la mauvaise saison.

 

Il est omnivore, comme ses cousins, consomme des fruits, des légumes, des graines, des insectes, des escargots, bref, tout ce qui peut faire ventre. En ville il boulotte aussi nos restes alimentaires, mais là c’est moins top, le pain et les produits similaires ne sont pas vraiment nutritifs pour nos choucas, ainsi que pour tous les autres oiseaux du reste, malgré qu’ils aiment ça.

(*) En vérité, les choucas n’ont pas vraiment les yeux bleus, seuls les petits les ont. L’iris des adultes est en fait plutôt blanc, mais le contraste avec le plumage noir et la proximité du capuchon gris les font paraître bleus clairs

 

Des petits qui ont de voix

Choucas des toursLorsqu’arrive la saison de faire des bébés, les choucas restent groupés, même si cela occasionne moult disputes quant au couple qui s’appropriera le meilleur emplacement.

Contrairement à la plupart de ses cousins corvidés, notre oiseau est un reproducteur cavernicole. Il affectionne donc les niches dans les bâtiments et sur les falaises. En ville les cheminées sont souvent appréciées, même si ce choix n’est pas toujours judicieux en raison des risques d’asphyxie qu’un nid volumineux peut faire courir aux occupants de l’immeuble.

Imaginons donc que la bâtisse est désaffectée, que nulle fumée prisonnière du conduit ne risque de faire passer de vie à trépas de paisibles citoyens et que réciproquement la descendance de nos oiseaux est assurée de ne pas subir la malédiction d’une flambée de châtaigner. Madame choucas va donc pondre sur un bel amas de branches et divers matériaux entre 4 et 6 œufs qu’elle va couver durant 17 à 19 jours.

C’est après que les choses se gâtent. Certes, les petits choukys sont d’adorables diablotins vifs et heureux de vivre, mais outre qu’ils ne sont jamais rassasiés, leurs vocalises ont le don de vous vriller les tympans à vous rendre sourdingue et en prime vous vous retrouvez avec des acouphènes car vous croyez les entendre même quand ils dorment enfin. Papa et maman choucas ont peut-être des oreilles adaptées aux cris de leur progéniture, mais nos soigneuses ont dû faire preuve d’un grand sens de l’abnégation pour nourrir les 36 garnements orphelins accueillis ce printemps.
Dans la vraie vie des choucas, les parents assurent le nourrissage des petits ensemble jusqu’à leur envol à l’âge d’un mois. Mais la petite famille restera pour autant réunie jusqu’à l’automne. Ensuite, certains jeunes resteront au sein de la colonie, d’autres iront rejoindre d’autres groupes. Mais les parents eux, resteront ensemble, le couple étant uni pour la vie.

Les choucas des tours à Volée de piafs

C’est la première année que le centre de soins accueille autant de jeunes choucas à élever. Les fortes chaleurs précoces y sont pour beaucoup : en effet, certains lieux de reproduction des choucas urbains transformés en véritables fours ont poussé de nombreux juvéniles à sauter au sol. Entre les fractures occasionnées à certains par leur chute et le danger que représentaient les véhicules pour ces tout petits piétons ignorants, de nombreux particuliers ont préféré les ramasser et nous les amener.

A ce jour, la plupart des petits choucas accueillis ont été relâchés et le dernier groupe encore en volière ne va pas tarder à l’être aussi. La petite bande en liberté reste pour l’instant sur le site de centre de soins et nous avons à présent plaisir à les entendre papoter ensemble, mais à distance cette fois.

Portrait d’animal: Le Choucas des tours