Au moins 500 000 renards roux sont chassés chaque année en France. C’est trop. Nous vous expliquons rapidement pourquoi en relevant quelques points dans le dernier épisode de notre podcast Minute Hérisson. Et ces points méritent d’être un peu développés, alors chaussez vos lunettes.
D'où vient la mauvaise réputation des renards ?
Le renard roux, Vulpes vulpes de son nom scientifique, ne s’est pas toujours appelé « renard ».
D’ailleurs dans le temps, on évitait même de l’appeler par son nom. Cet animal roux et rusé de surcroît était associé au Malin, au diable, bref, il avait mauvaise réputation.
Néanmoins, notre goupil (vieux français), louarn (breton) ou renâ (gallo) a bien sa place dans l’écosystème, au même titre que toutes les espèces affublées du doux nom d’ESOD (espèce
susceptible d’occasionner des dégâts). Et ce, quelle que soit la façon dont on l’appelle. Fait amusant, renard se dit « alôpêx » en grec ancien. De là, on retrouve aujourd’hui « alopécie » en français qui définit une affection caractérisée par la perte partielle ou totale des cheveux. Ceci s’explique probablement parce que le renard perd son poil d’hiver par grosses plaques, ce qui donne un temps l’impression qu’il est chauve.
Les renards ne sont pas les ennemis des agriculteurs
Leurs mets favoris sont la plupart du temps des petits mammifères, et précisément des campagnols. Si l’opportunité se présente, ils s’en prendront à du gibier plus imposant comme des lièvres ou même de très jeunes faons, surtout lorsqu’ils doivent nourrir leurs petits.
Les renards sont capables de collecter jusqu’à 6000 rongeurs par an. On comprend aisément en quoi il est un allié de l’agriculture, sachant la vitesse à laquelle se reproduisent ces petits mammifères. On peut en dire autant de la martre des pins et de la fouine par exemple.
Les renards, jardiniers malgré eux !
Histoire d’équilibrer ce menu carné, ils prendront en dessert quelques fruits. Tout y passe, y compris les noyaux. Ce qui est entré d’un côté sort de l’autre, mais loin du pied de l’arbre mère.
En cela, nos amis à la fourrure de feu permettent la dissémination de certains végétaux. C’est ce qu’on appelle la zoochorie : la capacité qu’ont les plantes à « utiliser » les animaux comme moyen de dispersion de leurs graines. Pas mal pour diversifier un peu la couverture végétale ! Le geai des chênes participe lui aussi à sa manière, en dispersant et en cachant des glands loin du chêne qui les a produits.
Saviez-vous que les renards étaient des charognards ?
Si d’aventure l’occasion de dépouiller un cadavre se présente à eux, hors de question de faire la fine bouche : quoi de mieux que de pouvoir se caler la dent creuse sans dépenser d’énergie à la chasse ? En plus c’est pratique, ça permet d’éviter la prolifération de pathogènes, car les cadavres n’ont pas le temps de se décomposer. On retrouve ce comportement alimentaire chez les vautours, qui ne consomment que des cadavres ou des os, ainsi que chez les corvidés, qui ne se feront pas prier pour nettoyer une carcasse vite fait bien fait !
Les proies malades, celles qui ne courent pas très vite, font aussi l’affaire bien entendu ! De fait, quand les renards prélèvent les individus les plus faciles à attraper (les plus faibles, les jeunes, les malades et les vieux), ils participent à maintenir des populations saines chez ses proies.
Les renards limitent la maladie de lyme
De même, en consommant des rongeurs, les renards limitent l’expansion de bactéries, impliquées dans la maladie de Lyme par exemple. La bactérie Borrelia burgdoferi transite depuis son hôte sauvage (mulot, campagnol,…) vers l’espèce humaine par le biais des tiques. Moins de renards, signifie plus de petits rongeurs. Davantage de petits rongeurs signifie davantage de Borrelia burgdoferi, et davantage de tiques qui leur servent de taxi.
De l'incohérence de chasser les renards...
Le renard a donc, à tous points de vue, un rôle sanitaire très important.
Enfin, gardons en tête que laisser les renards tranquilles ne veut pas dire que l’espèce va se multiplier à l’infini. Les espèces prédatrices s’adaptent à la disponibilité de leurs proies et se reproduisent en conséquence. Ils ne feront donc jamais plus de renardeaux que ce qu’ils sont en capacité de nourrir et d’élever.
Si cet article vous a plu et que vous avez envie de venir en aide aux renards roux, rendez-vous sur Youtube pour visionner l’épisode 12 de notre podcast « Minute Hérisson ! »
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Sources de l’article :
- Atlas des mammifères de Bretagne, GMB, Locus Solus, 2015
- L’étonnante histoire des noms des mammifères, Henriette Walker et Pierre Avenas, Robert Lafont, 2023
- Mammifères d’Europe, d’Afrique du nord et du Moyen-Orient, Delachaux & Niestlé, 2015 ASPAS LPO Baleine sous gravillon
Plus de 500 000 renards tués chaque année en France