Volée de piafs au chevet de la faune sauvage

Le sort du centre de soins de la faune sauvage de Languidic n’est pas encore scellé. Mais les lourdes menaces qui pèsent sur l’avenir de Volée de piafs (Le Télégramme du 30 janvier) n’entament pas la passion de ceux qui redonnent ici des ailes aux oiseaux et autres animaux sauvages blessés.

Morgane ouvre délicatement le carton, prend une serviette éponge et sort l’oiseau blessé qui vient d’arriver. Il est affaibli, apparemment rien de cassé mais une plaie. Sans doute ne peut-il plus ni voler ni se nourrir, observe-t-elle, tout en détaillant son examen : elle soulève les ailes, retourne l’animal… Ce goéland cendré a été apporté par Alain, un « rapatrieur ». Un bénévole qui se charge du convoyage des animaux du lieu où ils ont été trouvés (pour cet oiseau-là, l’Île-aux-Moines dans le golfe du Morbihan) jusqu’à Saint-Léon, à Languidic, dans les locaux de l’association Volée de piafs.

Le temps qu’il reprenne des forces


Ici, poursuit Morgane, le goéland blessé sera « pesé, on lui prendra sa température. C’est la base du check-up. On verra s’il a besoin d’aller en couveuse ou s’il peut rester à température ambiante ». S’il a été ramassé, « c’est qu’il y a un problème ». Il va sans doute être mis dans un box (d’un mètre carré environ) le temps qu’il reprenne des forces. On lui apportera du poisson plusieurs fois par jour afin qu’il mange et reprenne du poids. Puis il ira dans une volière pour se remuscler et se rééduquer au vol, avant d’être relâché dans son élément naturel, « quand il sera prêt à se battre dans la nature ».

Entre 150 et 200 animaux sauvages


Dans d’autres boxes, des corvidés. « On évite d’aller les voir. Ils sont très intelligents et s’habituent à l’homme qui vient les nourrir. Si on veut les relâcher, il faut qu’ils se  » déshabituent  » de l’humain », explique Julia, en service civique ici depuis le mois d’octobre. Actuellement, sur le site de Volée de piafs, il y a entre 150 et 200 animaux sauvages en soins ou en « réhabilitation » (c’est-à-dire en convalescence, en attente de pouvoir être relâchés). 90 % des bêtes récupérées par le centre de sauvegarde de la faune sauvage de Languidic sont des oiseaux. Mais il y a de plus en plus de mammifères, remarque Morgane, salariée à plein-temps de l’association.

« Rien de naturel pour lui d’être là »


Des bénévoles viennent d’aller chercher des bouquets de lierre et de ronces pour un chevreuil blessé que Morgane soigne depuis le 27 décembre. Impossible d’aller le voir. « Il est encore stressé. Il n’y a rien de naturel pour lui d’être là. Ça ne va pas avec son instinct de survie ». Un jeune faon se serait plus facilement habitué aux soins des humains. Mais là, il s’agit d’un adulte de 20-25 kg, « d’une force phénoménale quand il s’agit de lui changer son pansement comme aujourd’hui ». Il a une fracture avec une plaie à un membre postérieur. « Sans doute à la suite d’un choc avec une voiture ».

Tous partagent la même passion


Morgane a reçu une formation de soigneur animalier (il y a trois écoles en France). Elle aurait pu travailler dans un parc zoologique ou avec des animaux domestiques. Après un stage dans une SPA, elle a effectué un service civique à Volée de piafs et a été embauchée ensuite, en contrat aidé. Julie est salariée aussi, mais à temps partiel, faute de financement d’un poste à temps complet. Julia, Camille et Noëlle sont, elles, en service civique. Le nombre de bénévoles qui interviennent ici est variable. Du bricolage à l’administratif, leurs compétences s’exercent dans des domaines différents. Mais tous partagent la même passion pour la faune sauvage de nos contrées. « On accueille aussi bien un merle ou un chevreuil ». Et comme le dit Morgane, « on va au zoo voir des girafes mais il suffit d’ouvrir sa fenêtre pour s’émerveiller de ce qu’il y a chez nous, comme un rouge-gorge dans son jardin ».

Lien vers l’article et la vidéo:  Article du télégramme

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Télégramme – 6 février 2017
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